INTERVIEW FREDRIK BOND Venu présenter son premier long-métrage à Deauville, Fredrik Bond a aimablement accépté de partager un moment avec Clap! Retour sur l’aventure de The necessary death of Charlie Countryman avec le réalisateur. Clap!Mag : Avec The necessary death of Charlie Countryman, vous signez un premier-long métrage d’une maturité étonnante, jonglant avec les genres et les tons. Surprenant comme premier film, entre action, drame, romance, humour, western. Vous frappez fort, et droit au coeur. Fredrik Bond : Merci beaucoup, ça me touche. J’aime beaucoup l’idée de mélanger les tons, les couleurs et les humeurs, comme dans la vie finalement où en une journée, on peut aimer, détester, crier, pleurer, rire, avoir peur, etc. Je pense que mes premiers pas en tant que réalisateur, dans le domaine de la pub, m’ont permis d’acquérir cette maturité dont vous parlez. C’est en effet mon premier long-métrage, mais j’avais déjà l’expérience du terrain, l’expérience du travail d’équipe. Ce qui a radicalement changé pour moi en réalité, c’est le boulot avec les comédiens. La direction d’acteur a été une chose nouvelle, tellement enrichissante. Voir les comédiens performer, se révéler dans leur art, pour moi, c’était intense. Surtout avec des acteurs de la trempe de Shia Labeouf, Evan Rachel Wood ou Mads Mikkelsen… C’est le moins qu’on puisse dire ! J’ai véritablement été gâté. Avec chaque acteur, la direction a été différente. Shia, par exemple, est un garçon très instinctif; il essaye, il se lâche, il fait des propositions. Evan Rachel Wood préfère, elle, plus de structure, plus de direction, toujours exigeante avec elle-même. Travailler avec eux, ça a été le bonheur absolu. Etre sur un plateau, avec des comédiens, c’est comme être un chef d’orchestre : chaque instrument doit être parfaitement accordé pour que la magie opère. Nous étions une équipe, nous avons collaboré avec passion, et j’espère que le résultat se voit ! C’est la première fois que Shia Labeouf est aussi charismatique, aussi intense. D’ailleurs, la rumeur dit que le rôle de Charlie était d’abord pour Zac Efron… Bien renseignée ! C’est vrai que Zac était sur le coup. Ca aurait donné un film différent je pense, on ne pourrait vraiment pas comparer. Je suis content d’avoir pu échanger avec Shia dont j’admirais déjà beaucoup le travail. Lorsqu’il a accepté de faire le film, j’étais aux anges. Selon moi, il est pile-poil l’acteur qu’il fallait dans les pompes de Charlie Countryman. Il apporte de la fraîcheur, du dynamisme, une réelle incarnation. Je suis très fier de mes acteurs, c’est un casting éblouissant. Chacun a su trouver une place unique dans le tableau et s’impliquer, et je pense que la dynamique des genres vient aussi du casting et de son caractère hétéroclite. Comment s’est passée la collaboration avec Matt Creed, l’auteur de cette folle histoire de vie et de mort ? A merveille. Matt est un garçon vivant, brillant et extrêmement drôle; mais j’ai aussi découvert sa sensibilité, les émotions fortes qu’il charrie. Je suis complètement tombé amoureux de son scénario. Matt s’est inspiré, pour beaucoup, de sa vie, et j’ai été particulièrement touché par cette idée de filmer le voyage d’un jeune homme qui vient de perdre sa mère, et qui va se retrouver à des milliers de kilomètres de chez lui, agissant pour qu’enfin quelque chose d’intéressant se passe dans sa vie. Charlie vient des bas fonds de Chicago, il n’a pas vécu dans un environnement très stimulant si on peut dire; et, comme s’il était fatigué d’attendre, il se met à agir, décollant vers Bucarest pour vivre l’aventure de sa vie. Dès qu’il met le pied à l’étranger, sa conscience se réveille et il est prêt à accueillir les coups du sort. Ce qui m’a plu dans le scénario, c’était la fureur de vivre de Charlie, et les possibilités, en tant que réalisateur, que ce personnage m’offrait. Sebastien Tellier, un auteur-compositeur français, a écrit une chanson qui s’appelle » L’amour et la violence » et, il y a quelque chose de votre film dans les paroles de ce morceau. Sebastien Tellier ! J’adore ce qu’il fait. L’album, c’est Sexuality, c’est ça ? (Il écoute les premières mesures du morceau sur son Iphone). Bien, sûr, je connais cette chanson, superbe. Très intéressant de faire le rapprochement en effet. D’ailleurs, vous venez de me rappeler que je vais définitivement envoyer une copie du film à Sebastien Tellier. Il faut dire que celui qui signe la musique originale de The necessary death of Charlie Countryman, c’est Moby, qu’on retrouve au sommet de son art. Vous avez d’excellents goûts musicaux, et on sent à quel point la place de la musique vous tient à coeur. Merci ! C’est tout à fait juste, la musique dans le film insuffle une dynamique. Elle renseigne sur les différents états par lesquels passe Charlie. Moby, avec qui j’avais déjà eu l’honneur de travailler, a su trouver le tempo juste. A mesure que Matt Creed et moi-même avancions sur le script, Moby composait en même temps la B.O. Et nous échangions tout le temps. La musique apporte de l’impulsion et une intensité dramatique qui étaient vitales pour le film. Elle participe à l’ascenseur émotionnel qui transporte Charlie. Quels sont les films qui vous inspirent ? J’aime les films denses, pleins d’émotions de différents standards. Le cinéma français me plait beaucoup pour ça, pour son tempérament : Sur mes lèvres, Les amants du Pont Neuf, Diva, Betty Blue, autant de films explosifs pour moi, des films qui m’ont marqué. J’étais d’ailleurs très ému de présenter hier mon film devant le public français et d’avoir pu échanger avec lui. J’étais très nerveux à l’idée de présenter le film à Deauville, mais les encouragements, les applaudissements ont tout emporté. C’est la meilleure des récompenses. J’ai même vu quelques larmes sur certains visages, ça doit être bon signe… Propos recuillis par Ava Cahen
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