Quantcast
Channel: Deauville 2013 – Les Ecrans Terribles
Viewing all articles
Browse latest Browse all 20

Lovelace : critique

$
0
0

    Note :   6,5/10 Lovelace : biopic profond Le documentaire Inside Deep Throat, sorti en 2005, se focalisait notamment sur le décalage entre l’impact culturel de Gorge Profonde et l’ambition très modeste de sa conception. Mais le succès de Deep Throat cachait en son sein la déchéance d’une femme, sa star. Linda Lovelace, derrière les paillettes, cachait une intimité épouvantable, battue, humiliée qu’elle était par son mari. La belle success story du X s’effondre pour laisser place à un portrait de femme qui refuse tout pathos. La vie de Linda Lovelace, gloire éphémère du porno,  va bien au-delà de l’aura de son seul et unique film Gorge Profonde. Lovelace s’attache à nous conter en réalité deux histoires en jouant habilement sur sa propre forme et en n’hésitant pas à bousculer nos petites habitudes de spectateur. Le premier récit respecte l’histoire telle qu’a pu la percevoir l’américain lambda à travers les médias de l’époque. On y voit donc la belle aventure de ce Gorge Profonde encore aujourd’hui culte. Inscrit dans une période de révolution sexuelle majeure Outre-Atlantique, le projet, s’il a plus l’air d’être un désastre filmique qu’autre chose est une vraie machine à succès. Sa force : sortir au bon endroit, au bon moment. Linda Lovelace devient en un éclair une super star du porno, mais aussi le symbole de la libération sexuelle. Sa vie fait rêver. Mais comme toutes façades, celle-ci a forcément une fêlure. Le premier segment s’arrête alors pour rembobiner et nous dévoiler l’envers du décor. L’originalité du film de Rob Epstein est là. La seconde partie relate la même histoire que la première. Mais elle adopte  un point de vue différent, qui, horreur, nous fait réaliser à quel point l’on peut manipuler une réalité et la faire mentir.  La belle histoire devient tragédie. Sous l’emprise violente de son mari, Linda Lovelace, se voit quasiment contrainte de jouer dans Gorge Profonde. Il la frappe, l’humilie… Tout était là, évident, sous nos yeux. Dans la même démarche, Le Passé d’Asgar Farhadi tentait de faire la lumière au rythme de ses personnages et du spectateur sur le drame. Nous avions tous les indices sous le nez. Pourtant il fallait toute une enquête pour saisir que face à l’évidence, le spectateur –fictif ou réel- était souvent aveugle. C’est dans ce même processus que Lovelace construit son beau portrait de femme brisée. La trajectoire assez peu commune de Linda détonne d’autant plus qu’elle est tout d’abord un symbole, une figure déjà mythique dans la conscience collective. Mais la légende, alors même qu’elle se construit devant la caméra, est déjà fiction. Ainsi lorsque l’équipe du film croit que Linda Lovelace couche avec son mari dans la pièce d’à côté, faisant trembler les murs sous la force de la passion, nous y croyons aussi. Lorsque l’on revient dans cette même scène dans la seconde partie de Lovelace, on voit qu’elle est en réalité en train de se faire cogner et projeter contre ces mêmes murs. Le regard ignorant du spectateur que nous sommes aujourd’hui et des acteurs dans la pièce d’à côté se rejoignent dans le même mensonge. L’apparence et son envers ne sont pas uniquement le lot des seules images de cinéma, elles sont aussi le lot quotidien d’une réalité perçue par notre regard, unique, et fatalement trompeur. Cette réalité-là, qui est la nôtre, fait d’autant plus froid dans le dos… Romain Dubois

The post Lovelace : critique appeared first on Les Ecrans Terribles.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 20

Trending Articles